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백남준 자료 아카이브

[백남준 생애] 남준神堂 가슴에 모시다

In présentation des collections, 1994

 

 

« Michel-Ange de l’art électronique », « missionnaire visionnaire », « terroriste culturel », les qualificatifs ne manquent pas pour évoquer ce pionnier de l’art vidéo qu’est Nam June Paik, né en Corée en 1932 et installé aujourd’hui à Düsseldorf et New York. De ses premières performances aux installations multi médias, en passant par les bandes vidéo, les « télévisions préparées » et les « sculptures vidéo », la contribution de N. J. Paik à l’histoire et au développement de l’art vidéo est considérable. Avec un sens aigu de l’humour et de la provocation, il élabore sans répit des stratégies vouées à déconstruire et réinventer le langage, le contenu et la technologie de la télévision. « L’art vidéo, ce n’est pas seulement un écran et une bande, c’est la vie toute entière ».

 

 

백남준 전자예술의 미켈란젤로 미래를 대다보는 선교사 문화 테러리스트 이 비디오아트의 개척자에게 주어지기에 부족함이 없는 이름이다 백남준으 1932년 한국에서 태어났다. 지금은 디셀도르프와 뉴욕에서 자리를 잡고 활동하고 있다. 그의 초기의 행위예술은 멀리미디어설치형식으로 비디오아트밴드과 함께 했다. 준비된 TV 비디오조각 백남준의 공로오 비디오 아트의 발전사는 지대하다. 그의 작업은 날카로운 도발과 풍자의 방향을 나아간다. 그는 언어와 내용과 TV하이테그 갱신하고 해체하여 끊임없이 새로운 기록을 갱신하였다. 비디오아트는 단지 스크린과 기계의 대의 문제가 아니다. 바로 전체 삶에 대한 것이다

 

Après avoir étudié la musique à Tokyo, Nam June Paik part pour l’Allemagne en 1956 et entre, deux ans plus tard, au laboratoire de recherche du studio de musique électronique de Radio Cologne, où travaillent Karlheinz Stockhausen, René Köring, Kagel. Dans le même temps, N.J. Paik présente ses propres « actions concerts » et gagne une certaine notoriété au cours d’interventions surprenantes : il coupe la cravate de John Cage, jette des oeufs sur le public, plonge dans des baignoires, réduit en miettes pianos et violons. En 1961, il rencontre George Maciunas, le fondateur de Fluxus, et poursuit, dans le cadre de ce mouvement, concerts et performances.

 

동경에서 음악을 전공하고 1956년 독일로 건너가 라디오쾰른 독일에서 전자음악스튜디오연구소에서 2년간 지니고 거기에서 슈톡하우젠과 칼르하이츠 쾨링 카겔도 공부했다. 같은 시기에 백남준은 구체행동을 발표하고 사람들을 놀라게하는 개입과정에 어느정도 명성을 얻는다. 그는 존케이지의 넥타이를 자르고 관객에게 계란을 던지고 욕조에 빠지게 하고 피아노와 바이올린을 때려부셨다. 1961년 게오르그 마시우나스을 만나단. 그는 플럭서스의 창시자로 이 운동에 백남준의 참가하여 퍼포먼스와 연주회를 하기도 한다

 

 

Se développant aussi bien aux Etats-Unis qu’en Europe, Fluxus s’essaie à toutes les fusions, et mêle musique, action, arts plastiques et verbe. La personnalité de John Cage plane au-dessus de toutes les têtes et des liens se tissent entre des artistes tels que Joseph Beuys, George Brecht, Wolf Vostell, George Maciunas, Robert Filliou et tant d’autres. Des concerts, expositions et performances se multiplient, à New York et dans toute l’Europe, de Moscou à Nice. Fluxus devient international.

 

Fort de ces expériences menées au sein de ce mouvement, N.J. Paik investit un nouveau médium : l’image électronique. En 1963, il présente à la Galerie Parnass de Wuppertal une « Exposition de musique et de télévision électronique ». On y voit, posés à même le sol, treize téléviseurs préparés (sur les modèles des « pianos préparés » de J. Cage), branchés sur des générateurs de fréquences, ne diffusant rien d’autre que des images composées de zébrures et de striures. La télévision abstraite est née, et le geste de N.J. Paik ouvre la voie à l’art vidéo. L’image électronique, qui peut être travaillée de façon nouvelle, peut désormais s’aborder sous un angle radicalement différent et original.

 

À la fin des années 60, une révolution technique va bouleverser le monde de la télévision : l’invention de la cassette vidéo, qui va permettre une large distribution de l’art vidéo. Selon une légende tenace, N.J. Paik installé à New York dès 1964 achète le premier Sony portable mis sur le marché et réalise le jour même sa première bande, en filmant la visite du Pape Paul VI. À la même époque, il rencontre la violoncelliste Charlotte Moorman avec qui il réalise de nombreuses performances, comme « l’Opéra Sextronique » (1967), interrompu par la police qui arrête les deux protagonistes pour outrage à la pudeur, ou « T.V. Bra for Living Sculpture » (1969), où deux moniteurs T.V. (diffusant en direct les images des premiers hommes sur la lune) servent de soutien-gorge à la violoncelliste. Déclinant installations, sculptures, bandes vidéo et diffusion par satellite, il met à l’épreuve les nombreuses facettes de ce qu’il nomme « la télévision expérimentale ».

 

Monument incontournable de l’art vidéo, « Global Groove » est certainement la plus connue des nombreuses bandes vidéo que N.J. Paik réalise. Fortement influencé par les théories sociologiques de Marshall Mac Luhan, ce manifeste pour une culture basée sur la communication universelle s’inscrit volontairement dans un monde saturé par les médias. Les images se superposent frénétiquement, des publicités japonaises de Pepsi Cola interfèrent avec des performances d’artistes. Humphrey Bogart et Richard Nixon font de brèves apparitions« Ceci est un aperçu de la vidéo de demain, lorsque vous aurez accès à toutes les télévisions du monde et que le programme T.V. sera aussi épais qu’un annuaire téléphonique. » Ainsi commence « Global Groove » qui, par un éclectisme typiquement post moderne, par l’affirmation d’une syntaxe radicalement innovante, confère à l’image cathodique un nouveau statut.

 

Fasciné par la notion de temps, N.J. Paik donne à ce tissu même de notre existence une nouvelle dimension. « Pouvons-nous inverser le temps ? » se demande-t-il dans l’un de ses travaux. Opérant des mélanges détonnants, il alterne les séquences accélérées avec les plans immobiles, le documentaire avec l’image de synthèse, les textes sacrés avec les annonces publicitaires, l’Est avec l’Ouest. Une étrange unité temporelle émerge de ses compositions et sert de fil conducteur dans nombre de ses réalisations.

 

Celles-ci ont pu être réalisées grâce à plusieurs innovations technologiques, comme le synthétiseur vidéo mis au point en 1970 par N.J. Paik et l’ingénieur Shuya Abe. Cet outil a révolutionné la technologie de la vidéo. À l’aide de quelques boutons, il est devenu possible de séparer toute forme de son contenu. À tout moment, la figure peut désormais être transformée, multipliée, voire même pulvérisée. Elle est ainsi constamment menacée d’un retour au point électronique qui la constitue sur le tube cathodique et n’existe de ce fait que dans le temps. Et ce dernier peut s’arrêter, s’inverser, se condenser.

 

Un tel instrument découle de la conception de l’image propre à N.J. Paik. En pionnier, il prit conscience d’une des spécificités fondamentales de l’image électronique. Contrairement à la pellicule cinématographique qui, de par sa sensibilité à la lumière, reproduit de façon irréversible des fragments de la réalité, l’image vidéographique dépend d’une information digitalisée et est de ce fait constituée de points susceptibles d’être recomposés à l’infini. Dès lors, tout est possible : l’artiste peut créer à volonté des espaces fictifs, des associations fantastiques où l’incessante métamorphose des images impose au médium un temps circulaire, opposé au temps linéaire du cinéma.

 

Marc-Olivier Wahler

 

Nam June Paik est né en 1932 à Séoul en Corée du Sud, il est décédé en 2006